Il y a six ans, durant mon deuxième hiver au Québec, je me souviens que le silence introspectif de l'automne accompagna la grossesse de ma plus jeune fille. Je me rappelle qu'à la veille du solstice d'hiver, lorsque la longue nuit commence à s'achever, cela ne signifiait pas pour moi la fin du voyage dans les profondeurs. L'automne m'avait enveloppée de sa noirceur réparatrice et en même temps confrontante, m'amenant face à des traces de peurs anciennes et de cicatrices (si anciennes que certaines ne m'appartenaient même pas).
Ainsi, l'hiver sage m'invita à poursuivre ma plongée dans ce silence primordial et sombre de la création. Pourtant, son ombre ne m'était plus étrangère ; elle me tendit la main, me guidant vers la guérison..  Ombre fertile pour grandir, pour engager des dialogues perdus avec mes ancêtres, pour guérir ce qui n'avait pas été chanté, pour avoir la chance de me reconfigurer et de renaître.
Ce solstice, la lumière se prépara à avancer, commençant à fissurer la quiétude et à laisser place au soleil invaincu. Et moi, depuis mon refuge hivernal, enveloppée par mes ombres, je continuai à tisser en silence, tout au long de la saison, un manteau de lumière et de beau grand mystère. J'embrasse avec gratitude ce solstice d'apprentissage.
Souvenir d'un décembre, MMXVIII.
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