Yaen Tijerina
« L’étreinte de la ronde des saisons (et le bourgeonnement du cœur de l’épinette) »

Impression brodée de pastiche de collodion coloré
2024

Mon premier automne à Montréal, une angoisse m’habitait : celle de l’incompréhension de la langue et des codes culturels, mais aussi du climat, qui m’était totalement étranger. 
Un après-midi de novembre, alors que la nuit précoce semblait vouloir m’avaler, je regardais le sumac rouge se dénuder sous le vent, avec les autres arbres du parc.  C’est alors qu’une voix de la nature me murmura : « Suis-moi, fais comme moi. »  Ce ne fut qu’alors que je me sentis réellement accueillie ici : en apprenant de la nature, de la descente des sèves vers les racines après l’équinoxe d’automne.  En sentant la force souterraine des conifères en hiver, qui maintiennent en vie la forêt toute entière.  En écoutant enfin l’appel des premiers bourgeons frémissant au printemps, avant de s’ouvrir en été, de pointer vers le soleil en toute exubérance.  
Connaître le nom des plantes, leurs rythmes et leurs histoires me rapprochait de ceux qui ont parcouru et aimé cette terre, jusqu’à ce que je m’y sente enracinée, part d'une grande et vaste forêt. 
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