« De la milpa à l'érablière : expressions créatives botaniques d’une diaspora mexicaine » est une exposition plastique née d’un projet de médiation culturelle que j’ai eu le plaisir de co-diriger au sein de la communauté mexicaine de Montréal, en collaboration avec Gabriela Casas, directrice de la Red Global MX - Chapitre Montréal.  Ce projet avait pour objectif d'inviter les artistes mexicains, amateurs et professionnels, à participer et à engager un dialogue créatif avec leur environnement, tout en favorisant la création d'une communauté artistique.  Le projet vise également à explorer la complexité de l’implantation dans un nouveau contexte culturel en s'inspirant des métaphores végétales.
Pour développer cette initiative, nous avons organisé une série de trois visites guidées botaniques, des rencontres virtuelles ainsi qu’un suivi individuel avec les participantes.  Ensemble, nous avons réfléchi au processus de migration et d’adaptation, et chaque participante a créé des œuvres en résonance avec ses propres expériences.
L'exposition qui en résulte rassemble les œuvres de 10 participantes, créées à partir des réflexions personnelles de chaque une, rendant hommage à la richesse de nos racines culturelles et à notre terre d’accueil.
Cette exposition sera présentée dans son intégralité du 7 novembre 2024 au 10  février 2025, à la Maison de la culture Janine-Sutto, 2550 Ontario St E, Montreal, Quebec H2K 1W7
Réalisation de l’exposition : Red Global MX-Chapitre Montréal.
Direction du projet : Gabriela Casas, Yaen Tijerina.
Soutien logistique : Verónica Islas.
Commissaire d'exposition et médiation interculturelle : Yaen Tijerina.
Lorsque l’on prend le temps d’examiner les connaissances essentielles que nos ancêtres ont développées sur les cycles de la nature afin d’assurer leur survie, notre lien profond avec la terre émerge.  Ce lien, que l'on pourrait qualifier d'« enracinement », transcende le physique pour s'étendre au paysage symbolique.
Tout comme les plantes forment des rhizomes qui soutiennent la forêt, nous forgeons des familles et des communautés.  Nos racines, visibles et invisibles, nous nourrissent et nous ancrent dans le sol.  Les racines évoquent la subsistance et l'abri, tandis que leur perte suggère le désespoir.  Le mot « diaspora », qui implique un déplacement, trouve sa racine dans « spora », ou « semence ».  Devenir partie d’une diaspora, c'est devenir une graine portée par les vents humains, emmenée là où le hasard des circonstances l'impose, jusqu'à atterrir, telle une épave, sur une nouvelle terre qui, bien qu'elle semble étrangère, est aussi parcourue par ses propres racines.
Depuis les déserts, les montagnes et les villes du Mexique, les graines d'une diaspora artistique se rassemblent sous une nouvelle latitude dans le cadre de la pratique créatrice, évoquant dans leur regroupement le concept ancestral de la milpa mexicaine.  La milpa, tout comme le système des Trois Sœurs (maïs, haricots, courges) des nations Haudenosaunee dans le nord-est de l'Amérique du Nord, n’est pas seulement une technique de culture, mais aussi une réflexion sur l'entraide au sein de la communauté.  L'entretien des semences et des liens humains est essentiel pour obtenir une récolte fructueuse, un héritage pour les générations futures.  Il ne s'agit pas seulement de se nourrir, mais d'embrasser la danse des saisons, le savoir et le respect de la terre qui nous abrite.
Comment être milpa dans une terre lointaine ?  Il faut « se planter », écouter le sol et apprendre des savoirs ancestraux.  Du caractère résilient des conifères au cycle des saisons, la nature nous présente la terre comme une ancêtre immédiate qui nous accueille, déployant sa médecine et ses cérémonies, nous guidant pour tisser le présent.
Cette exposition évoque la pratique artistique comme un jardin catalyseur de ces découvertes.  Chaque artiste a entrelacé son histoire avec l'enseignement offert par le paysage local.  Ce dialogue avec la nature célèbre à la fois les nouvelles racines et les racines ancestrales, partageant la récolte de ces apprentissages qui trouvent leur place dans le riche enchevêtrement des branches de cette forêt humaine.

Yaen Tijerina, automne MMXXIV.
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